vendredi 7 janvier 2011

Marlon Brandoooooh


(Par Richard Avedon)

Update de la monomanie: il y a 2 jours, j'ai regardé Sur les Quais (On the Waterfront), D'Elia Kazan, 1954.




Encore un beau film. 8 Oscar, rien de moins!
2 scènes d'anthologie, dont une se passant dans un taxi. Il se dit que Brando fit pleurer le plateau entier, techniciens compris, lors du tournage de cette fameuse scène. Et ça ne me surprend pas.
Eva Marie Saint, dans son 1er rôle, est juste et pas trop maniérée. D'une belle intensité.
Brando, là-dedans, a une drôle de tête. Il joue certes un ex-boxeur, mais il a comme des knacki en guise de paupières supérieures, c'est très curieux! Heureusement que nombre de gros plans sont filmés en légère contre-plongée. :-)

Aujourd'hui, j'ai dévoré The Fugitive Kind (L'Homme à la Peau de Serpent, les français sont vraiment des cons), de Sydney Lumet, 1960.


Enorme, gigantesque film sur lequel je vais m'attarder un peu.
C'est une adaptation d'une pièce de Tennessee Williams: Orpheus descending, que Brando avait interprétée au théâtre. Williams voulait que Brando la dirige sur scène, et c'est le sujet de cette belle lettre de l'acteur à l'auteur. (La bonne paire de pointures!)
Pour ma part, je suis très troublée de voir que Brando parle d'Anna Magnani (sa partenaire dans le film qui viendra plus tard, mais pressentie pour la pièce) de la même façon qu'il pourrait parler du personnage de Lady. Les 2 entités semblent se confondre. Et cette dent dure ne se retrouve tellement pas dans le film... Bien au contraire.

The Fugitive Kind est d'une modernité confondante. Tous les protagonistes sont construits, complexes. Les femmes sont fortes, très intenses.

Anna Magnani, dans le rôle de Lady, absolument fabuleuse.

Italienne à l'accent à couper au couteau, entre l'austérité vêtue de noir jusqu'au cou, et la sensualité mature et triomphante en combinaison. Elle joue une femme blessée, vieillissante et dure, capable de la passion la plus folle, pour un homme ou pour une "cause". L'interaction avec Brando fait vraiment des étincelles. On est au delà de la sensualité. La tension sexuelle est palpable, et pour l'époque, c'est assez étonnant.

Joanne Woodward, dans le rôle de Carol Cutrere.

Chat sauvage, clocharde nympho aux pieds nus, amoureuse libre et rebelle. Un vent frais et dangereux. La seule à connaître un peu du passé du héros.

Brando joue Val, un homme en recherche de rédemption.

Pour une fois, on le trouve posé, souriant, tendre. La dose de bad boy n'est pas absente, loin de là, mais c'est de l'ordre de la braise sous la cendre.

Ce qui m'a subjuguée, dans ce film, c'est la qualité des dialogues, leur profondeur. Ca parle de vraies choses d'une façon magnifique et déchirante. C'est cash, c'est beau.
Ca parle de tolérance, de marginaux qui se reconnaissent, d'intimité, d'amour hésitant puis déchaîné.
Ca parle de cul.
Ca parle de différence d'âge, d'origine, de statut, ça balaie les tabous, et pas seulement de l'époque.
Bref, c'est énorme. Un film majeur.
De loin mon favori, pour le moment, avec le Tramway.



Pour qui ça intéresse, voici le lien vers une longue et très intéressante interview de Richard Sheperd, producteur du film, qui dépiaute bien le contexte.

Je n'ai pas encore fini mon gueuleton Brando. Je vous tiens au courant. :-)

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