vendredi 7 janvier 2011

Marlon Brando. Aaaah Marlon Brando


(clic)

(1924-2004)
Monstre sacré, passé par l'Actor's Studio (fondé entre autres par Elia Kazan, avec lequel Brando tournera 3 films cultes).

Comme je suis en pleine monomanie, ce billet risque d'être long comme un jour sans pain.
Donc je vais scinder en plusieurs parties, pour éviter l'écoeurement. Ce qui serait dommage, vu le sujet.
Vous voilà prévenus! :-)

Aussi bizarre que cela paraisse, je n'avais vu que quelques films avec Marlon Brando, des films tardifs.

Pour les citer, j'avais vu Don Juan de Marco (1994, de Jeremy Leven), film relativement daubesque malgré un cast ébouriffant: Brando, Johnny Depp, Faye Dunaway, Géraldine Pailhas (si, si).


Une des rares casseroles de Depp, sucrée à souhait, où il n'a malheureusement jamais été aussi beau (Uh). Un film de femelle, en somme.
Ce n'est pas que c'est mal joué, c'est que c'est claffi de clichés, et que le scénar, déjà super borderline au départ, tombe du côté bonbon de la force. Il n'y a pas ce côté bonbon acide salvateur de Burton (dans Edward Scissorhands, par exemple). Pas assez de second degré, pour résumer.
Brando a du mal à être subtil, et il est très très gros. Et blond vénitien. Bon.

Même goût de Rootbeer float américain, en pire, pour l'Ile du Dr Moreau (1996, de John Frankenheimer). Un VRAI film tout pourri!


J'ai aussi vu Le Parrain (The Godfather, 1972, Coppola). Il y a bien longtemps. Les 3 d'affilée, et j'ai trop tout adoré pour sortir Brando du kiff général.


A la suite de ce film, dans ma mémoire vive, au dossier Brando, ça disait:"Du lourd mythique, manifestement. Enfin ça dépend. Base de données insuffisante".

Apocalypse Now (1979, Coppola) a alimenté le dossier d'une pièce à conviction massive.


The Brave, de et avec Johnny Depp (1997) a enfoncé le clou. Ce film, tout le monde l'a trouvé calamiteux, moi je l'ai adoré.

Le contenu du dossier Brando a changé: "Du lourd mythique. Ok. Base de données insuffisante".
Bon, ça remonte...

Actuellement forcée à l'inactivité relative, je comble les creux. Et je me dis tiens, ce Brando, là...
Donc je me chope Un Tramway nommé Désir (A Streetcar etc), Dernier Tango à Paris, The Wild One (L'Equipée Sauvage), Sur les quais (On the Waterfront), The Fugitive Kind (L'Homme à la peau de Serpent) et Viva Zapata!
Que du culte pas vu. Et zou.
Je les ai vus dans cet ordre là, ce qui n'était pas inintéressant, finalement. Donc je vous update fidèlement.

Le Tramway, pure merveille de l'au-delà. Elia Kazan, 1951. Avec une Vivien Leigh oscarisée pour ce rôle. Et un Brando débectant de beauté et de talent dans son 1er (de rôle).


Oh. My. Goodness.
Un film de femelle voyeuse, avec du fond, de la forme, tout au delà de bien.


Brando, quoi. 1951. Il a 27 ans, et il est parfait. Avec cette bosse sur le nez qui le rend ultime.
Regard habité, frisant, il transpire la puissance sous le flegme, bad boy attitude surexploitée, certes, mais super crédible. Torridissime.

(clic. Oui: Ah)

Kazan filme la folie avec douceur, l'image est magnifique. Mise en scène très fidèle à la pièce (de Tennessee Williams que Brando avait d'abord jouée sur scène): décor unique, quasiment.
Après ce film, mon dossier Brando: "Du lourd mythique à mort, nouvelle référence de sublimité masculine ultime (détrônant l'indéboulonnable Johnny Depp). Des données presto!".

Dernier Tango à Paris, ensuite, donc. Bertolucci, 1972. Avec Maria Schneider et Jean-Pierre Léaud.


Avis très mitigé sur ce film. D'un côté, toutes les scènes avec Brando (blond, la cinquantaine lourde) sont effectivement cultes. Il ne joue pas, il est, pour reprendre l'expression consacrée .
D'un naturel confondant, l'oeil allumé est toujours là. Il reste intensément séduisant. Son rôle est sulfureux, tout en nuances, et il le porte avec un brio incroyable.
On peut aussi dire que ce film est vraiment le témoignage d'une époque. Et précisément, as far as I'm concerned, c'est là que je décroche.
Le début des années 70 est vraiment une époque avec laquelle j'ai du mal. L'esthétique générale, la mode, l'architecture, les films avec leurs couleurs Derrick, la fin de la "Nouvelle Vague", c'est tout ce que je n'aime pas, en bref.
A quelques exceptions près. Dans le domaine musical, notamment. Et quelques films comme "La Jetée" ou "Pretty Baby".

Il se trouve que dans ce film de Bertolucci, elle saute vraiment au visage, l'époque.
Bref. Maria Schneider est certes gaulée, donc pas désagréable à regarder, mais son jeu et celui de Léaud m'exaspèrent. Des dialogues trop écrits, récités, déclamés. Il y a une affectation qui choque d'autant plus qu'elle se frotte à la casherie de Brando... L'image est moche, le film est glauque, le parti pris du crade est assumé. C'est "Arty". Genre.

(mmm ce saxo, quel bonheur... :-s )
Quant à la fameuse scène de la plaquette de beurre, je pensais qu'elle était vraiment trash, puisque le film a été interdit aux moins de 18 ans, à sa sortie. Et on était après mai 68, donc en théorie, moins coincé du.
Mais non, ce qui a choqué le bourgeois, c'est moins la sodomie en elle-même que la litanie religieuse qui l'accompagne.
Bilan: quelques carats de diamant pur, dans un emballage papier-gras.

J'avais hâte de retrouver mon merveilleux fil rouge dans la belle image noir et blanc, 50's. Alors je me suis attaquée à L'Equipée Sauvage (1953, de Lazlo Benedek).


Beau film. Effectivement. Le Brando est magnifique malgré le petit empâtement inexorable. Je retrouve avec bonheur mon cliché de bad boy torride, avec une nouvelle facette de profondeur. Ce rôle de taiseux déterminé méritait l'intériorité à fleur d'iris de Brando. Son charisme fait merveille.
Le rôle féminin, Katie, interprété par Mary Murphy, est relativement consistant, il y a de vrais moments de délicatesse.
James Dean avait adoré ce film et en avait adopté les codes vestimentaires, rock'n roll en diable. C'était aussi une des références d'Elvis Presley.


La suite très vite. Si vous êtes sages.
:-)

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