Petite pause dans le cycle Brando. Toute virtuelle, puisque je nourris toujours ma monomanie. Vous allez encore y avoir droit sous peu, mais là, et avec du retard, je viens vous parler d'un spectacle d'actualité.
Octopus, de Philippe Decouflé.
C'est de la danse, de la musique, des projections, des trouvailles de génie, de l'humour.
La musique a été composée et est jouée en live par Nosfell et Pierre Lebourgeois, chacun d'un côté de la scène. Valeur ajoutée vraiment pas négligeable.
J'avais hâte de voir ce spectacle, que j'attendais depuis un bon moment.
J'adore Decouflé, j'adore Nosfell, et j'avais vu des images alléchantes d'un tableau mettant en scène des jambes chaussées d'escarpins Ernest... Difficile de mieux taper dans mon mille!
J'ai eu la grande chance d'être invitée à la générale. Je crois savoir que le spectacle a encore évolué depuis, mais ce que j'en ai vu m'a émerveillée. On entre dans un monde parallèle auquel on adhère ou pas. Vous avez compris: j'avais mon visa! :-)
J'ai retrouvé cette patte Decouflé que j'aime tant: les projections, les images démultipliées, les images dans l'image, la géométrie et l'humour.
Les tableaux n'ont pas forcément d'autre lien entre eux que le corps, tronqué, démembré, sensuel et l'opposition: homme/femme, noir/blanc, doux/violent...
Après, on peut essayer d'expliquer ceci ou cela. En ce qui me concerne, j'ai pris tout ça un peu comme un film de David Lynch: ouverte aux sensations, sans recherche nécessaire de cohérence.
Je n'ai pas tout aimé de la même façon, mais dans l'ensemble, je tire mon chapeau à tous les acteurs de ce beau spectacle. C'est intelligent, sensible, novateur.
Quelques idées de génie sont, à mon goût, un peu trop creusées, d'autres pas assez. Certaines simultanées aux 4 coins de la scène m'ont donné la frustration de rater des trucs. Mais je ne vais tout de même pas me plaindre: abondance ne nuit pas!
Je vais me contenter de vous présenter des photos des tableaux qui m'ont le plus marquée.
(Toutes les photos de Fedephoto.com, il y en a plein d'autres, et elles sont magnifiques)
Le tout premier tableau: un décor coupé en 2: blanc, noir. Un homme commence à danser alors que le public est encore éclairé, on ne comprend pas tout de suite que le spectacle a commencé (j'adore!). Une femme apparaît, en longue robe claire sur le fond noir. Elle bascule de l'autre côté, costume d'homme noir sur le fond blanc. C'est beau, c'est ingénieux. Alice Roland est diaphane, délicate, elle évolue dans l'écume de son vaste jupon, elle est double. Une merveille!
Ensuite, différents tableaux qui jouent sur la géométrie. Les danseurs évoluent avec de grands élastiques, un peu comme les jeux d'enfants, quand on faisait des figures avec un élastique dans les doigts. Sauf que là, derrière les danseurs, les figures élastiques sont projetées sur l'écran. Difficile à expliquer, mais effet hypnotisant. Le regard passe des vivants aux images, l'idée est géniale.
Il y a aussi plusieurs tableaux réunissant la belle Alice du début, rousse, peau de lait, toute en déliés, et Sean Patrick Mombruno, sublime black au corps hallucinant. Des muscles fins, partout! Ils évoluent tous les deux, se mêlent et se repoussent, s'escaladent et se fondent, contraires et complémentaires. Remarquables de beauté et de grâce.
Arrive le morceau de bravoure de l'impressionnante Clémence Galliard. Genre de Shiva, elle déclame un texte surréaliste, cru et drôlissime. Elle le joue, le fait "monter" jusqu'à son paroxysme, déclenchant rires, étonnement et profond respect. Elle est d'ailleurs la 1ère à déclencher des applaudissements spontanés et nourris.
Là-dessus, la fameuse "Marche du Gnou". Tout le monde, hommes et femmes, chaussé de souliers Ernest (donc bien hauts, bien fetish) vernis. Ils portent des vestes (?) en longs cheveux noirs. Le magnifique Sean est, lui, coiffé d'une somptueuse pièce à cornes et à cheveux. C'est visuellement scotchant, fabuleux, étrange. La musique tue, répétitive sur une mélodie qui accroche, les danseurs marchent comme sur un catwalk, en avant, en arrière. J'aurais pu être facilement déçue, ça n'a pas été le cas. J'étais comme Alice au pays des Merveilles, les yeux écarquillés, la bouche entrouverte... ♥
Plein de photos, tiens!
Dans ce spectacle, Christophe Salengro (grand acolyte de Decouflé devant l'Eternel) ne fait pas partie de la distribution "officielle", mais il est tout de même sur scène par le biais de la bande son et de projections, certaines irrésistiblement drôles.
Nosfell et Pierre, quant à eux, composent une bande son sur mesure (qui se vend à la fin du spectacle, seulement dans les théâtres; ce qu'on appelle du collector!), qui donne une belle cohérence à l'ensemble. C'est rock, country, tordu. Ils contribuent aussi au visuel du spectacle, avec leur façon très physique de jouer. Nosfell chante par moments en Klokobetz, et son langage sied à merveille à l'étrangeté du spectacle. Je crois n'avoir jamais assisté à un spectacle de danse avec la tête et les pieds qui groovent la moitié du temps!
En répèt':
Bref, si vous réussissez à trouver une place pour ce spectacle (et les billets sont vraiment abordables, fait suffisamment rare pour être souligné), courez-y, vous en prendrez plein les yeux et irez vous coucher avec cette délicieuse sensation d'avoir vécu un truc rare.
samedi 15 janvier 2011
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