mercredi 23 juin 2010

Humeur de ces derniers jours...



Définition officielle de la liberté d'expression:

L'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme (qui s'adresse à tous les États membres du Conseil de l'Europe, beaucoup plus large que l'Union européenne) dispose:
« 1 Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontière. Le présent article n'empêche pas les États de soumettre les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un régime d'autorisations. »
« 2 L'exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l'intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l'ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d'autrui, pour empêcher la divulgation d'informations confidentielles ou pour garantir l'autorité et l'impartialité du pouvoir judiciaire. »


Jurisprudence (Cour européenne des droits de l'homme, 21 janvier 1999, no 29183/95, Fressoz et Roire c. France) :
« La liberté d'expression vaut non seulement pour les « informations » ou « idées » accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent : ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l'esprit d'ouverture sans lesquels, il n'est pas de « société démocratique ».
»

C'est à dire que là, tout est dit. Même qu'il a fallu une jurisprudence pour asseoir l'évidence et la justification même du concept...

Donc, là-dessus, Stéphane Guillon, Didier Porte, mais aussi Marjorie Risacher (qui animait 2 émissions musicales de nuit et présentait des indés, des "pas connus", des petits groupes ou artistes de talent...) et d'autres encore sont dégagés de France Inter.
C'est à dire que sur le service public, on assume hyper bien, finalement, de museler ceux qui ne bêlent pas en choeur du troupeau... Hees a été nommé par Sarko, il a la gratitude assez peu subtile.

Quand à Philippe Val, c'est pire encore: on a beau avoir dirigé le journal Charlie Hebdo et assumé ses opinions, on se dépêche de baisser bien bas son froc devant Talonnette 1er, le petit monarque. Parce que manifestement, la thune, le pouvoir changent pas mal la donne, quand l'âge se fait sentir. La laine sera toujours moins douce que le cashemire...
Pis si Carlita penche un peu la tête sur le côté et fait ses grands yeux de faon... C'est une copine, Carlita, c'est quand même elle qui lui a donné le bureau. Peut être que pour lui avoir son bureau, elle a fait attendre la Reine d'Angleterre dans le vestibule, va savoir...!

Sauf que là, c'est presque porno, tellement ça se voit... C'est ridicule.
Alors oui, Guillon allait super loin, et Porte talonnait, mais merde, quoi! Les Desproges, Martin, toute la clique du Petit Rapporteur, ça n'y allait pas avec le dos de la cuillère! Et c'était une respiration nécessaire.
A l'heure de l'endormissement intellectuel général, à l'heure des real-tv, de l'Amour est dans le Pré, de la boî-boîte de ce connard d'Arthur, de Cauet et consort, je veux des Guillon, des Porte, des Baffie, des Muller, des Brigitte Fontaine, des Gondry, parce que sinon, on n'a plus qu'à sauter par la fenêtre.
Même l'insoutenable Zemmour, je souhaite qu'il puisse les dire, ses conneries. C'est dire si c'est pas perso!



On doit pouvoir tout dire, même si ça gêne, même si c'est laid ou pas drôle. On vit dans une putain de démocratie, et j'ai du mal à intégrer que c'est au nom de cette démocratie qu'on tape sur la gueule des (make your choice). On doit pas avoir la même définition.
C'est ça qu'on veut les forcer à accepter? C'est ça le modèle?
Parce que la démocratie selon Sarkozy, j'en voudrais pas non plus, dans l'idéal.
Je ne dis pas que je préfèrerais vivre en Iran, hein. Je sais bien qu'il y a pire que chez nous. Mais on doit rester vigilant, justement, et là, on dérive salement. Y a un vieux proverbe qui me revient, juste là: "Quand les gros maigrissent, les maigres meurent". Ca se défend pas dans tous les domaines, mais là, oui.

La démocratie selon Bush, Berlusconi, Sarkozy, elle pue du cul. Elle censure, elle sélectionne, elle pose des veto qui n'ont pas lieu d'être. Elle abuse de son pouvoir. Elle ne supporte pas grand chose. Elle nous moutonne. Et elle ne s'en cache même pas.
Guillon avait reçu des "avertissements", il a continué, BOUM!
Et après on vient nous pousser les hauts cris sur la censure de la caricature de Mahommet.
On a bien raison, d'ailleurs, et bizarrement, là, tout le monde est d'accord pour brandir la liberté d'expression. Surtout quand on la publie soi-même dans Charlie Hebdo, ladite caricature...
Si c'est une caricature de Talonette, alors là, ça rigole moins. Ca la ramène moins, sur la jurisprudence! Ca alzheimerise à pleins tubes.

Alors certes, on retrouvera bientôt tous ces poils à gratter ailleurs, sur des réseaux privés (et j'en suis ravie, et je les retrouverai avec d'autant plus de joie), mais c'est le principe, qui me débecte. L'Etat et ses diktats sont tout puissants, et on n'essaie même plus de nous l'enrober.
Et ça n'en est même pas moins hypocrite, puisque ça nous prend ouvertement pour les cons que l'on a largement contribué à décérébrer: personne ne va moufter trop fort: ce n'est que de la radio...

Perso, ça me rend dingue.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

bonjour,
ceci est mon 1er commentaire, cela fait plusieurs mois que je viens sur votre blog (ce ton rock and roll et raffiné, me ravie a chaque fois) je suis ds le même état d'esprit,l'écoeurement total!! je ne suis descendu ds la rue qu'une fois : le 21 avril 2002 au soir d'un triste 1er tour...j'ai appris que jeudi se tiendrait une manif à france inter, y a des chances que j'y soit.
bien à vous,
Florence

Chatounou 1er a dit…

Porte fera une chronique sur arrêt sur image tous les jeudis à la même heure que sur inter, je te filerai le mot de passe si tu veux mais je pense que ça sera "publique". Tout à fait d'accord avec tout le reste, même si je ne classe absolument pas Baffie dans la catégorie salvatrice.

Mina Pyro a dit…

Merci, Florence. Malheureusement, je ne serai pas à Paris jeudi, mais le coeur y sera, lui. Il y a pas mal de groupes FB et autres que l'on peut rejoindre, aussi, pour grossir le mouvement de contestation.

Chatounou: J'ai vu ça, je serai au rdv. Baffie, à mon sens, est aussi salvateur, car il ne baisse pas son froc et nous a plusieurs fois montré la bêtise des politiques en les tâclant. ("Alors, Raymond (Barre), ça marche mieux avec les gonzesses depuis que tu es ministre?"^^)... J'aime Baffie. A fond.

GwE a dit…

Bonjour
Tout pareil que Florence, et un grand merci.
Pendant quelques instants je me suis sentie moins seule...
Je crois qu'il va falloir qu'une large prise de conscience arrive vite.
Voltaire a dit (en substance) : je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrais toujours pour que vous puissiez continuer à le dire.

si nous perdons ce que nous a transmis le siècle des lumières, notre société ne vaudra plus grand chose.

Mina Pyro a dit…

GwE, merci à toi. J'aime qu'on vienne citer du Voltaire sur mon blog! ♥
Surtout quand la citation est aussi bien choisie (tellement bien que je l'ai utilisée très très récemment dans une conversation, en ayant oublié de qui elle était! Shame)
Le Siècle des Lumières est bien loin, malheureusement. La réflexion, la curiosité, tout cela fait cruellement défaut aujourd'hui. Et ça fait du bien d'attirer en ces lieux quelques "résistants".
Tu parles de large prise de conscience... Encore faudrait-il qu'il y ait une conscience cachée quelque part dans les cerveaux moutonniers. J'ai l'impression que c'est une vaste utopie, et que notre société est déjà pourrie jusqu'à la moelle. J'espère que je me trompe. Vos messages me donnent de l'espoir.