mercredi 24 novembre 2010

Fan de

Aujourd'hui, chers lecteurs, après le butor, étudions le Fan.



Qu'est ce qu'un fan?

Sans me répandre en confidences, il se trouve qu'ayant vécu longtemps avec un musicien ayant des fans, et ayant assidûment côtoyé bon nombre d'artistes ayant eux-même encore plus de fans, c'est un dossier que je maîtrise bien. D'où l'absence de références Wikipédiennes sur le sujet. Je gère.
Note pour plus tard: je parlerai donc plus facilement des fans de musiciens, ce que je connais le mieux, mais ça se passe à peu près pareil pour n'importe quel prétendant à la notoriété: sportifs, acteurs, etc...

Le fan, donc. Et sa femelle: LA fan. Je reviendrai sur la distinction notable que l'on peut faire entre les 2.
Le fan est quelqu'un qui adore une personne qu'il ne connaît que par le truchement de médias divers. C'est un peu différent de quelqu'un qui serait "fan" d'un ami artiste, par exemple. Disons que la (non) relation entre un artiste et son fan n'a rien de personnelle. C'est un rapport qui peut être affectif dans un sens, mais pas dans l'autre. Ou rarement.

Il existe plusieurs sortes de fans que l'on retrouve en proportions variées selon les artistes:

1) Le fan dit "de base".
Il remplit souvent le vide d'une vie insatisfaisante par une compulsion focalisée sur quelqu'un de particulier. Johnny Halliday, par exemple.
Il est fidèle, souvent subjectif (tout ce qui concerne l'Objet de l'admiration est beau, bon, au top).
Il achète tout: parutions de presse, merchandising, il suit les tournées, il fait des bornes, il enregistre les passages télé, il se looke pareil que son idole. Son Graal: l'autographe, la photo avec Dieu. Il campe près des hôtels, il est toujours devant aux concerts, il connaît tout par coeur. C'est sa vie.
Il peut être très gentil, mais très envahissant.
L'idole n'a pas de réalité propre. C'est l'Idole.


2) La fan.
La femelle, donc. Dite aussi: "la Groupie". Elle est souvent fan d'artistes masculins. Patrick Bruel, par exemple.
Elle se déplace souvent en groupe, avec d'autres fans. Elle compulse Voici. Elle est amoureuse de ses posters. Erotomane, elle est convaincue de partager un truc unique avec l'Objet de sa passion, elle est sûre d'être l'Elue.
Elle se distingue par de petits glapissements quand elle le voit. Elle crie très fort et très aigu dans les concerts, elle attend des heures à la sortie des artistes pour choper photo et autographes.
Jusque là, pas très différente du fan de base, avec les mêmes caractéristiques de gentillesse et d'envahissement. En plus exagéré: encore plus gentille, avec ses grands yeux de faon, et encore plus envahissante, si on la laisse faire.
Sauf que LA fan, elle, veut bien coucher, souvent. Et elle n'aime pas que son idole butine les filles. Ou qu'il soit marié.


3) La Star Fuckeuse.
Pas très difficile, la Star Fuckeuse mouille sa culotte quand elle croise quelqu'un qu'elle a vu à la télé ou dans la presse pourrie. Garou, par exemple. Il peut arriver qu'elle soit déjà fan de l'artiste, mais ce n'est pas obligatoire. On la retrouve donc aussi bien dans les concerts, que dans les after, que dans les soirées et boîtes people. Elle peut être très jolie. Et pas conne. Pas regardante sur la situation affective de sa proie, elle arrive assez facilement à ses fins.


4) Le/la fan normale.
Gentil, respectueux, le fan normal est agréable. Il ne cherche pas à s'incruster, il vient prendre sa dose de musique préférée, il a une vie, des centres d'intérêt, il peut venir accompagné de sa moitié. Il n'est pas prêt à tout, même s'il est fidèle et loyal. Et se fend d'un tshirt merchandisé à l'occasion.



5) Le/la fan de marque.
Le VIP, le fan "normal +", celui qui peut rester objectif, voire dont l'intérêt peut être flatteur. On le soigne, on l'invite, il a accès à des choses réservées. Il est souvent derrière, aux concerts, voire au bar s'il y en a un. Il vient accompagné d'amis ou bien seul. On peut le confondre avec un pote de l'artiste.

Sauf que.
Et c'est là que réside toute la problématique. Un fan, à quelque exception près, ne devient jamais un pote. Parce que par définition, pour ceux qui ont zappé: il n'y a rien de personnel entre le fan et l'artiste. Quelle que soit la catégorie du fan. Un fan est un fan. Même si on l'aime bien, on le tient à distance. Parce qu'il y a un intérêt. Parce que la rencontre est biaisée. Parce que ce n'est pas tout à fait naturel. Les paillettes, les lumières (peu importe la proportion) ne sont pas propices à de "vraies" rencontres, car le concept de fan exige un minimum de notoriété engagée.

Je n'ai vu qu'une fois le cas de figure où le fan normal est passé fan de marque, puis finalement pote. Voire pote proche. La seule exception que je connaisse qui confirme la règle.
Peut être aussi parce que l'artiste en question était particulièrement ouvert et le "fan" particulièrement brillant, drôle et objectif. Mais il a fallu du temps, beaucoup de temps, car le fan n'inspire qu'une confiance toute relative. On a l'impression que si on lui ouvre la porte, il viendra s'installer, avec tout son bordel. On n'encourage pas les rapprochements. Voire, on les fuit. Voire, comme la peste.


Tout en faisant gaffe, parce qu'un fan vexé peut devenir mauvais.
Et que tout de même, on lui doit, au choix (selon la situation/pathologie de l'artiste): de pouvoir bouffer, de pouvoir se branler l'ego, de pouvoir se payer une belle maison ou une belle caisse, de pouvoir vivre de sa passion, etc...
Ce n'est pas un terme péjoratif, "Fan", il y en a des très bien, il sont respectables, quand ils sont respectueux.
Le fan, c'est l'employeur, quelque part, et certains artistes n'hésitent pas à le brosser dans le sens du poil et à entretenir l'identification. Pascal Obispo, par exemple ("Si j'existe, ma vie, c'est... mon cul sur la commode, etc"...)

Ce qui motive cet article, c'est que très récemment, on m'a prise pour une fan. Pour être plus exacte: ça fait un moment que quelqu'un me prend pour une fan, et je ne l'ai compris que très récemment, tellement le concept ne m'avait pas effleurée.
Tellement la notoriété me laisse de marbre. Tellement je n'ai jamais donné dans ce genre de trips. Tellement je croyais que c'était clair comme de l'eau de roche. Tellement je croyais qu'on avait eu suffisamment d'échanges personnels dès le départ.

Il y a évidemment des gens que j'admire vraiment sans les connaître personnellement (Dita von Teese, Mr Pearl..). Et quand il m'a été donné de rencontrer ces gens, si j'ai pu bugger 3 secondes, ce n'est pas parce que je les croyais inaccessibles. Jamais il ne me serait venu à l'esprit de demander un autographe. Il m'est même arrivé de refuser d'aller sur une photo avec Dita. Juste parce que je n'en voyais pas l'intérêt. Je m'en fous, moi, de sa célébrité. J'ai plus envie de m'asseoir et de discuter avec elle de son parcours, de son ressenti. Ca ne s'est jamais fait, mais je ne cours pas après non plus.

Il y a d'autres gens, ultra connus, dont je n'étais pas admirative, qui sont devenus des potes précisément parce que je ne prends pas plus de gants avec eux qu'avec monsieur ou madame lambda.

Il y a encore d'autres gens que j'ai connus par le biais de leur musique, qui m'ont rencontrée dans des circonstances qui auraient pu prêter à confusion, mais qui, avec 2 doigts de jugeotte, ont vu la différence et sont devenus des potes.

Le cas de figure de l'affaire qui part sur un truc perso et qui est reclassée en catégorie fan (alors attention, hein: fan de marque, tout de même! Je suis invitée, et on est gentil avec moi. Ce blog y est sûrement pour quelque chose...), ça ne m'était jamais arrivé. Peut être étais-je difficile à classer, y avait pas de case à mon nom. Le concept "low profile mais pas impressionnée", ça ne devait pas exister. Peut être un soupçon de parano sur le sujet, aussi.
Alors au forceps, on m'a foutue dans la case "fan", parce que ça, c'est connu et facile à gérer. On a fait entrer une forme ronde dans un trou carré à grands coups de marteau.

Fail.

Aucun commentaire: